85 rue des Arènes
Entrée gratuite tous les jours, sauf le dimanche matin et le lundi
de 10h à 12h et de 14h à 18h ; ouvert le mercredi jusqu’à 20h
03 84 79 25 85
http://www.musees-franchecomte.com/
Attention, cette exposition ne présente aucune photographie, Jean-Olivier Hucleux peint et dessine.
Ne vous y trompez pas, les grands Cimetières, qui l'ont rendu célèbre du jour au lendemain à la suite de la Documenta V de 1972 à Cassel, ne sortent pas d'une chambre noire. Les portraits qu'il réalisera par la suite, grandeur nature, les sujets de face, en buste ou en pied, rappelent la peinture flamande. Les artistes (Jean-Pierre Raynaud, Jean Legac, Etienne Martin) et les professionnels du milieu de l’art (Ponthus Hulten, ancien directeur du Centre Pompidou) deviennent ses sujets de prédilection. Il réalise également des commandes, notamment pour le cuisinier Paul Bocuse ou les présidents Georges Pompidou et François Mitterrand, ainsi que des autoportraits.
Au milieu de cet univers très masculin, un portrait de Jeanne, sa compagne, captive l'attention. Une présence troublante se dégage de l'image de la jeune femme. La précision avec laquelle les œuvres sont éxécutées fascine. En ascète, Jean-Olivier Hucleux a parfois passé plus d'un an à achever une œuvre.
L'illusion créée à partir de l'observation minutieuse de l'image photographique est saisissante. L'artiste l'examine et la copie en tant que représentation du réel, mais que dit finalement la photographie de la réalité ? Les moindres caractéristiques des clichés sont analysés, le style est étudié, imitant même, dans certaines œuvres, le grain des photos des années 70/80. Car ce n'est pas tant le réel que la photographie elle-même, que représente Hucleux.
Hyperréaliste. Oui, dans une certaine mesure. L'artiste a été rapidement classé comme tel, mais sa démarche est toute autre.
Au regard du détail d'une œuvre, le fragment isolé devient abstrait, moléculaire, comme si l'artiste pénétrait à l'intérieur de ses sujets, accomplissant une sorte de "peinture au microscope".
Dans les travaux plus récents, les Squares, puis les Déprogrammations, le caractère introspectif de son travail se révèle. Ses œuvres à l'encre de Chine nous emmènent de l'autre coté de la matière, là où, le rêve et l'illusion se poursuivant, le monde fantastique qui habite l'artiste est dévoilé. Des dessins, des mots, des calculs, des plans, semblent échafauder des hypothèses, documentées par des schémas annotés, des abscisses et des ordonnées, sur lesquelles pourrait se fonder un éventuel système philosophique originel, secret de l'essence des choses.
On dit que les Indiens d'Amérique croyaient que le fait d'être pris en photo pouvait prendre leur âme. Le travail d'analyse scrupuleux, méticuleux et conceptuel dont fait preuve Jean-Olivier Hucleux en étudiant longuement les images photographiques tente une approche singulière de ce mécanisme de représentation, procédé qui rend possible l'appropriation par l'image, des objets mais aussi des hommes et de leur esprit.
Frédérique FOULL
Cimetière n°2, « Les Vierges », 1972
Portrait de François Mitterrand , 1988-89
Sans titre 112/1993 (série des Déprogrammation – 1987-2004)
A voir également : le Musée des Beaux-Arts de Dole présente au 3ème étage, une partie de sa collection d'Art Contemporain centrée autour de la Figuration Narrative (Erro, Fromanger, Klasen, Télémaque, Monory etc…), du Nouveau Réalisme (Arman, Hains, Spoerri, Villeglé etc…) et des Objecteurs (Kudo, Pommereulle, Raynaud).