L'Allan, scène nationale de Montbéliard
Hôtel de Sponeck (Centre ville, proche Hôtel de Ville)
Entrée libre du mardi au vendredi
10h-12h /14h-18h et samedi matin
http://www.lallan.fr/
N° vert 0 805 710 700
Une petite musique douce se laisse entendre à l'étage de l'Hôtel de Sponeck. Une clochette tintinnabule, rattrapant un son plus grave ressemblant à s'y méprendre au tintement de l'horloge de ma grand-mère. Les machines sont là, dans une demi-pénombre. Néons, lampes de bureau ou de chevet, une lumière contrôlée vient accentuer leurs formes chaotiques et brinquebalantes, marquant ainsi une proximité, une intimité avec les matériaux de récupération utilisés pour les concevoir.
"Appuyez 5 secondes sur l'interrupteur" était-ce écrit. Et là, tout s'anime. Un bâton s'agite dans des coquilles d'escargot, deux bouts de bois cognent une vieille sonnette de vélo, un clou frappe une vis puis un boulon, les machines expérimentales aux mécanismes précaires s'actionnent pour un concert de rythmes étranges, incongrus et déstabilisants.
Une brindille trimbalée autour d'un tourne-disque cliquète, puis, prenant de la vitesse, vient taper aléatoirement la peau tendue d'un tambour, les cordes fines d'une harpe, un ressort métallique... Dans une autre pièce, un nouveau manège se met en branle en une danse d'ombres et de lumières projetées au mur, une série de morceaux de bois s'abiment contre des pots de terre provoquant une musique rappelant curieusement un gamelan indonésien. Plus loin, trois grandes tiges ricanent, un petit xylophone s'agite, mécanismes et rouages entrainent des souffleries qui bruissent poussivement dans des flûtes ou des tubas...
Depuis 1995, Frédéric Le Junter conçoit ces sculptures sonores en s'appuyant sur la notion d'aléatoire. "Le tout est réalisé avec une technologie non avancée, de façon assez brute et incertaine. J'ai laissé des choses au hasard." Ainsi parle-t-il de ses œuvres. Dans l'exposition, il y a du mouvement, du bruit et pourtant un certain calme. Une sérénité règne dans ce temple, royaume de machines inutiles et d'orchestres automates terriblement poétiques.
Frédérique FOULL